[Ecriture] Le monde de Nemo

Un grain de sable dans l'immensité de l'océan


L'océan, son silence impénétrable, ses nuances de bleu et de vert troublées par moments par un rai de lumière douce. L'océan, si profond et si sombre que la clarté du soleil peine à s'immiscer par delà les vagues. Difficile de se repérer dans cette immensité, dans ce désert aquatique et froid. Tout n'est que silence et démesure. Soudain, une petite tâche vint troubler l'obscurité et le silence des lieux dans un petit clapotis frénétique. Un petit poisson clown, au vue de sa chaude couleur orangée et de ses larges rayures blanches. Il semblait avoir de la difficulté à nager, comme épuisé par un trop long voyage, ou paniqué par l'immensité azurée qui se présentait à lui. Il était complètement seul, que faisait-il là ? Lui-même n'en savait rien. La respiration saccadée par l'angoisse naissante, il tentait par tous les moyens de retrouver son chemin parmi des repères identiques les uns aux autres; des repères qui devenaient indistincts, presque effrayants. Dès qu'il apercevait un mouvement derrière une algue il s'immobilisait avec une profonde appréhension au fond de son regard effrayé.

Tout était trop grand, trop sombre et il avait tellement peur. Pourquoi avait-il désobéi à son père ? Qu'avait-il voulu prouver ? Qu'il était plus malin et plus débrouillard qu'on le pensait, que ce n'était plus un bébé ? Et bien c'était raté ! Il n'avait qu'une envie, c'était rentrer chez lui, se précipiter dans les nageoires de son père et ne plus quitter son anémone avant des années ! Mais où devait-il aller pour retrouver le chemin de la maison ? C'était bien ça le problème...il n'en avait pas la moindre idée. Sa petite nageoire atrophiée commençait à être douloureuse, il avait tellement nagé, rien d'étonnant ! Épuisé, honteux et surtout tétanisé par la peur, il arrêta sa course effrénée vers cette destination inconnue et se mit à sangloter. Des pleurs aussi discrets qu'un petit poisson clown perdu au milieu de l'océan...

Il était bien avancé maintenant !

J’y arriverais. Il est mon fils, mon seul amour, mon seul enfant. Je n’ose pas penser à ce qu’ils ont pu lui faire. Ce n’est qu’un petit poisson ! De rage, je nageais encore avec plus de force. Où devrais-je me diriger ? Nord ? Sud ? Est ? Ouest ? Toutes les routes se ressemblent et pourtant une seule pourra m’amener à l’endroit où je dois absolument aller. Mais je ne baisserais pas les nageoires, oh ça non ! Je dois tenir mon engagement de père. Corail est morte en voulant protéger notre bébé, je ne laisserais pas de stupides humains faire que ce sacrifice ait été inutile .
Je gémis en pensant à mon cher Nemo. Si jeune, si heureux d’aller à l’école pour la première fois ! Je l’ai trop couvé, trop longtemps, maintenant, il n’est plus là et c’est entièrement ma faute … Il doit me détester. Je lui prouverais que je suis digne d’être son père ! Je le sauverais quoi qu’il m’en coûte, devrais-je moi aussi le payer de ma vie !
Une sardine passa devant moi. Je l’appellais de toute la force de mon désespoir. Elle me regarda d’un œil morne, puis accéléra la cadence et finit bientôt par disparaître. Je pensais bien sûr à la poursuivre, mais j’avais peur de me perdre, dans cet endroit que je ne connaissais pas et que je haïssais pour m’avoir enlevé les deux amours de ma vie.
Soudain pris d’une frénésie incontrolable, je battis des nageoires à toute vitesse pour m’avancer le plus loin possible dans cet univers bleuté.
Soudain, je frappais de plein fouet un poisson bleu et jaune, qui sembait nager ça et là, au gré de l’eau. Mon espoir resurgit et je lui demandais :
« Vous n’auriez pas vu un bateau ? »